Venezuela : ré-ouverture de 30 maisons de jeux

Victime de l’embargo américain sur le pétrole, le gouvernement vénézuélien est à la recherche de nouvelles sources de revenus et veut se financer grâce aux impôts prélevés sur les recettes de jeux. Cette décision met fin à plus de 10 ans d’interdictions de casinos sur tout le territoire. Les casinos et les salles de bingo étant considérés par le président sortant Hugo Chávez comme « antres de perdition pour la bourgeoisie. »

Les casinos, levier pour l’économie

La majorité des casinos qui vont rouvrir leurs portes sont situés à Caracas, capitale du Venezuela. On sait de source sûre que des casinos clandestins y étaient toujours en activité malgré les interdictions et que l’État a décidé de fermer les yeux.

La réouverture des casinos est une bonne nouvelle pour le secteur touristique. Les divertissements ludiques attireront les touristes étrangers et feront entrer plus de devises dans le pays. Ce sera aussi un bon moyen pour reverser l’argent des nouveaux riches du Vénézuela dans les caisses de l’État. Maduro veut légaliser les jeux d’argents et rentabiliser ce secteur pour le bien de la nation. Selon un communiqué officiel du président en 2020 : « Un casino international sera ouvert à l’hôtel Humboldt et tous ceux qui veulent parier le feront avec des petros (cryptomonnaie) et toutes ces ressources entreront dans l’État pour la santé, l’éducation ». Actuellement en activité, la maison de jeux Humboldt est administrée par l’État.

Les travailleurs locaux seront également les grands gagnants de cette histoire. Avant le blocage de Hugo Chavez, les casinos ont créé plus de 100 000 emplois dans le pays. Le casino Ciudad Jardin, deuxième à ré-ouvrir ses portes affirme pouvoir générer plus de 400 emplois pour ses futures activités. Lors de la ré-ouverture officielle de l’établissement, les responsables du projet partagent leur enthousiasme et se disent prêt à fournir de nombreux divertissements.

En attendant quelques aménagements techniques, les maisons de jeux situés dans plusieurs villes du Venezuela vont suivre le pas et pourront proposer leur service très bientôt.

Des obstacles aux projets de Maduro

L’opinion publique et l’opposition au pouvoir s’interrogent sur l’opportunité de la réouverture des casinos au Venezuela. En effet, la situation économique veut que le gouvernement réponde à des besoins plus urgents. Et la liste est longue : la relance économique, la déflation, la lutte contre la pauvreté et l’insécurité, l’industrialisation, la santé, l’accès à l’eau potable et à l’électricité…

Le black-out vénézuélien, panne d’électricité générale de plusieurs jours menace de se reproduire à nouveau. La production en énergie étant très faible, le gouvernement vénézuélien n’arrive pas à couvrir les besoins en électricité du pays. Le manque d’électricité constitue un sérieux obstacle à la relance des machines de jeux du pays les casinos étant très énergivores. Selon la députée Nora Bracho : « Alors que Maduro annonce la réouverture des casinos dans le pays, le système national d’électricité s’est effondré et au bord d’un black-out total ».

Les observateurs internationaux sont sur le qui-vive et tirent sur la sonnette d’alarme. Les fonds qui circulent dans les casinos sont susceptibles d’être issus d’activités illégales : drogue, trafic humain, prostitution de mineurs, vente d’armes… Les maisons de jeux peuvent s’allier avec les grands noms du crime organisé pour participer à des blanchiments d’argent…

L’ouverture des casinos au Venezuela est au centre des débats publics. Les ressortissants du pays, les acteurs de la vie politique et les organisations internationales mettent leur mal en patience en attendant la suite des évènements.